Michael Burry, l’investisseur dont le nom est indissociable de la crise des subprimes, refait surface avec une initiative qui risque de semer le trouble dans le secteur de la finance : le lancement d’une newsletter intitulée « Cassandra Unchained ». Ce projet vient après que Burry ait décidé de fermer son fonds spéculatif, Scion Asset Management, et se concentre sur ses analyses concernant la bulle de l’IA. Dans un contexte où l’engouement pour l’intelligence artificielle atteint des sommets, ses observations résonnent d’un écho familier aux oreilles de ceux qui ont vécu les turbulences de la bulle Internet des années 2000.
Michael Burry et son expérience : un investisseur visionnaire
Michael Burry est devenu célèbre pour avoir vu venir la crise des subprimes bien avant que la majorité des investisseurs ne ressentent les effets de cette débâcle. Son approche d’analyse rigoureuse des données et sa capacité à anticiper les tendances du marché en ont fait une figure incontournable du monde financier. Ce n’est pas un hasard si son nom est associé à « The Big Short », un livre – puis un film – qui a mis en lumière les événements catastrophiques du marché hypothécaire américain.
Lorsque Burry parle, il est temps d’écouter. Sa dernière mise à jour via sa newsletter, suite à la fermeture de son hedge fund, démontre une fois de plus son attention particulière aux détails. Avec son nouveau projet, il vise à fournir des analyses éclairées sur le marché de l’IA, tout en rappelant à ses 1,6 million d’adeptes sur X (anciennement Twitter) que l’histoire a tendance à se répéter.
Les fondations de son analyse
Dans le message annonçant le lancement de sa newsletter, Burry a souligné que le manque de prudence observé chez les investisseurs rappelle des situations passées. Par exemple, il a cité les paroles d’Alan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale, qui avait affirmé en 2005 qu’il n’y avait aucune bulle sur le marché immobilier, juste avant que la catastrophe n’éclate. Aujourd’hui, le président actuel de la Réserve, Jerome Powell, ne semble pas plus inquiet face à la montée en flèche des évaluations des entreprises d’IA, qui, selon lui, présentent des bénéfices tangibles. Burry rétorque en soulignant les effets dévastateurs que de telles assurances peuvent avoir sur le long terme.
Elle s’intègre dans une série d’analyses détaillées où Burry s’approfondit dans divers indicateurs historiques, comparant les ratios actuels à ceux des bulles précédentes. Sa première analyse se penche sur le ratio P/E de Schiller et l’indicateur de Buffett, Le rapport entre la capitalisation boursière des actions et le PIB américain. Ces outils d’évaluation ont été utilisés par de nombreux économistes et financiers pour déterminer le niveau d’évaluation du marché et pourraient peser lourd dans ses futures recommandations d’investissements.
Selon une publication de Economie Matin, Burry a exprimé des doutes sur la viabilité à long terme des modèles commerciaux prédominants dans le secteur de l’IA. En reliant les excès observés dans la bulle Internet, il alerte sur les dangers d’une telle dynamique, où les promesses de croissance dépassent la réalité des profits.
Les acteurs principaux de la bulle de l’IA
Dans son analyse, Burry ne mâche pas ses mots. Il met en cause des géants comme Nvidia et Palantir qu’il considère comme les principaux moteurs d’une bulle qui pourrait bien, selon lui, éclater comme cela avait été le cas avec d’autres entreprises emblématiques de la bulle des années 1990. Leurs valorisations, souvent comparées à celles d’entreprises instables du passé, soulignent des modèles d’affaires dont la durabilité est incertaine.
Burry souligne que de nombreux investisseurs ont tendance à projeter une croissance exponentielle sur des entreprises sans véritable retour sur investissement. Cela a pour effet de créer une distorsion énorme dans le marché. Il rappelle que des noms tels qu’Amazon étaient sur le fil du rasoir durant la bulle technologique. Aujourd’hui, tout le monde s’emballe pour des entreprises capables de dire le mot « IA » sans se poser la question de la substance derrière les chiffres.
- Nvidia : Leader des cartes graphiques, souvent jugé excessive malgré ses bénéfices.
- Palantir : Suscite des débats sur sa rentabilité réelle malgré sa valorisation élevée.
- Autres sociétés à surveiller : Un certain nombre de start-ups et d’entreprises se présentent avec des évaluations à la hausse, mais le modèle de leur croissance reste obscur.
Ce constat alarmant incite à se demander si les investisseurs ne sont pas en train de plonger tête baissée dans une nouvelle ère de spéculation. Les échanges autour de son analyse deviennent brûlants, principalement sur les réseaux sociaux, où les membres de sa communauté scrutent ses publications pour en tirer des enseignements.
Comparaison historique : IA et bulle Internet
Pour mieux comprendre la situation actuelle, Burry établit des parallèles frappants avec le passé. Au cœur de sa newsletter, il mentionne un extrait d’article datant de 2000 où le San Francisco Chronicle rapporte qu’il pariait contre Amazon. Le même sentiment d’euphorie qui entourait les actions technologiques à l’époque semble aujourd’hui réapparaître avec l’investissement dans l’IA. Pourtant, ces fabulations de croissance rapide sont souvent basées sur des projections irréalistes.
Pour illustrer le propos de Burry, on peut poser dans un tableau les entreprises emblématiques de la bulle technologique et leurs états d’évaluation à cette époque, en les comparant avec les étoiles montantes du marché de l’IA. Voici un aperçu :
| Année | Entreprise (Bulle Internet) | Valorisation | Entreprise (IA) | Valorisation actuelle |
|---|---|---|---|---|
| 2000 | Pets.com | $1.2 milliard | Nvidia | $1 trillion |
| 2000 | Webvan | $1.2 milliard | Palantir | $54 milliards |
Ces comparaisons offrent un cadre de réflexion pour quiconque s’interroge sur la santé réelle du marché financier actuel. Les leçons du passé sont souvent ignorées, et pourtant, Burry semble décidé à ne pas les laisser dans l’oubli.
Retour aux fondamentaux : l’importance de la rentabilité
Une des idées centrales de la newsletter de Burry reste l’importance de la rentabilité dans n’importe quel modèle économique viable. Contrairement à l’optimisme ambiant, il met en avant que l’effervescence autour de l’IA ne devrait pas masquer le fait que beaucoup d’entreprises dans le secteur continuent de fonctionner à perte. Cela pourrait s’avérer désastreux à long terme.
Dans son approche, Burry défend que seule une évaluation minutieuse des modèles d’affaires des entreprises permettra de justifier leurs valorisations. En d’autres termes, il affirme avec force que les investisseurs devraient porter une attention particulière à la situation financière réelle plutôt qu’à la perception du marché ou aux promesses de croissance illimitées.
Les fondamentaux à évaluer
Pour s’assurer de la santé d’une société, plusieurs critères doivent être souvent réévalués :
- Rentabilité : Les bénéfices nets doivent être positifs sur plusieurs trimestres consécutifs.
- Flux de trésorerie : Un flux de trésorerie positif indique une entreprise capable de couvrir ses dépenses et d’investir dans sa croissance.
- Endettement : La capacité de l’entreprise à gérer sa dette sans compromettre sa stabilité financière.
Alors que les marchés se réjouissent des promesses technologiques, Burry rappelle que la sagesse des anciens investisseurs pourrait sauver les nouveaux venus d’une chute brutale. Et avec des valorisations souvent gonflées, un examen critique est la clé pour naviguer avec succès dans cette tempête potentielle.
Perspectives d’avenir : ce que cela signifie pour le marché
À l’heure où nous regardons vers l’avenir, la voix de Michael Burry pourrait bien devenir de plus en plus pertinente. Comme il l’a signalé, l’hyperbole autour de l’IA est tellement intense que le marché peut facilement basculer dans une bulle insoutenable. Pour les traders, cela signifie qu’ils doivent rester vigilants et prêts à réagir.
Les investisseurs doivent s’assurer qu’ils ont des stratégies en place pour naviguer dans ces eaux tumultueuses. Burry souligne aussi l’importance d’avoir un plan solide basé sur des analyses profondes et des recherches, ce qui pourrait les aider à se protéger des pertes potentielles.
Rester informé et prudent
Il n’y a pas de recettes magiques, mais une bonne compréhension de l’environnement économique est essentiel. Voici quelques points clés à garder en tête :
- Suivre les tendances : Rester informé des développements dans le secteur de l’IA peut offrir des indices précieux.
- Utiliser des outils d’analyse : Des logiciels et outils permettant d’évaluer les entreprises sont recommandés.
- Se diversifier : Ne pas investir uniquement dans le secteur de l’IA, mais diversifier le portefeuille peut réduire le risque.
La fermeture de son fonds n’a pas effacé la voix de Burry. Au contraire, avec sa newsletter, il cherche à approfondir ses analyses, tout en gardant un aperçu réaliste du marché. S’il y a bien une leçon à retenir, c’est que les promesses de l’IA doivent être équilibrées par des données solides et une évaluation prudente des entreprises.